Diabète de type 2

A la retraite depuis 2010, Geoffrey Katz est peu à peu devenu un pilier de l’Association Genevoise des Diabétiques (AGD) à laquelle il a adhéré en 2009. Spécialiste en marketing, stratégie et gestion d’entreprise, il a choisi de mettre ses compétences professionnelles au service de l’association qu’il veut faire connaître au grand public.

« Mon engagement bénévole est pour moi une manière de reconnaissance pour tout ce que Genève et la Suisse m’ont apporté », souligne Geoffrey Katz, dans un français encore teinté d’accent britannique. Résidant à Genève depuis 1979, il a acquis la nationalité suisse en 2003.

Geoffrey Katz faisant du nordic walking dans la campagne genevoise.
Geoffrey Katz faisant du nordic walking dans la campagne genevoise.

Geoffrey a fait toute sa carrière professionnelle chez DuPont de Nemours, la grande entreprise américaine spécialiste, notamment, des fibres textiles et matériaux composites. Après trois ans passés en Angleterre, puis à Paris, il rejoint, à Genève, le siège européen de la firme en 1979. Pendant plus de trente ans, il occupera divers postes de management régional, puis mondial dans la vente, le marketing, la stratégie et la gestion, qui l’amèneront à voyager fréquemment en Europe, au Proche-Orient, en Afrique, aux Amériques et en Extrême-Orient sans avoir toutefois à renoncer à sa ville d’adoption.

Style de vie
C’est au retour d’un voyage en Espagne en 2002, que, patraque, il se rend chez son médecin de famille. Ce dernier soupçonne une embolie pulmonaire et l’envoie à l’hôpital. Mais le diagnostic tombe rapidement : Geoffrey est atteint d’un diabète de type 2. « Avec le recul, ce n’était pas très étonnant, vu mon style de vie où les repas d’affaires le disputaient à l’inaction physique », reconnaît-il aujourd’hui volontiers.

« La Semaine du diabète à l’hôpital m’a ouvert les yeux. Avant, je faisais l’autruche »

La nouvelle, pourtant, ne l’ébranle guère : « j’ai continué à vivre comme avant, avoue-t-il, tout au plus j’accordais un peu plus attention à mon alimentation, je testais occasionnellement ma glycémie et suivais sans grande conviction mon traitement ». Jusqu’à ce jour de 2009 où sa fille cadette, alors étudiante en médecine, lui parle de la Semaine du diabète, organisée par le Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Motivé grâce à DIAfit
Et là, c’est le déclic : « ce séjour d’une semaine à l’hôpital m’a ouvert les yeux, souligne-t-il avec reconnaissance et enthousiasme. Avant, je faisais l’autruche. Or, j’ai non seulement mieux compris ma pathologie et la façon de la traiter, mais également accepté de perdre du poids ».

Dans la foulée de sa prise de conscience, Geoffrey décide d’adhérer, en 2009, à l’AGD. Au début, il s’implique peu ; puis, alerté par les difficultés qui affectent le monde associatif, il entre au comité avec le souhait de mettre ses compétences en marketing et stratégie au service des diabétiques genevois.

« DIAfit est un programme de réentraînement physique précieux pour un diabétique, notamment parce qu’il motive »

C’est plus tard qu’il s’inscrit au programme DIAfit. Résultat : grâce à de l’exercice physique régulier, des séances d’acupuncture pour réduire la sensation de faim et un régime pauvre en hydrates de carbone, il perd en moins d’une année 17 kilos et parvient désormais à stabiliser son poids.

Un changement de comportement radical loin d’être évident pour un homme comme Geoffrey Katz qui n’avait jamais pratiqué l’ombre d’un sport auparavant. « Aujourd’hui, je fais encore chaque vendredi, avec groupe de suivi DIAfit, des exercices en salle ou de l’aquagym, et en plus du nordic walking. DIAfit est un programme de réentraînement physique précieux pour un diabétique, notamment parce que l’on se retrouve en groupe et que cela motive ».

S’adresser au grand public
Face à la désaffection progressive des membres de l’AGD et à la charge que représente l’organisation de ses diverses activités, Geoffrey Katz dresse un constat préoccupant : « les associations traditionnelles ne font plus recette, constate-il ; l’individualisme ne cesse de progresser. Autant de facteurs qui nécessitent non seulement de s’interroger sur les prestations offertes par les associations, mais aussi sur leurs relations au public et aux donateurs potentiels : institutions publiques, privés, fondations, etc. ».

En juin, journée de dépistage de diabète et de don du sang aux Vieux-Grenadiers.

C’est ainsi que Geoffrey s’est mis en tête de passer en revue le fonctionnement de l’association selon deux axes de réflexion : d’un côté, l’analyse coût-bénéfice des activités mises sur pied année après année avec, in fine, l’abandon de celles dont l’écho vacillant est sans commune mesure avec les efforts déployés ; de l’autre, l’ouverture de l’AGD sur l’extérieur et le grand public, avec des initiatives comme « du caddie à votre assiette », qui consiste, en la présence de la diététicienne de l’AGD, à accompagner des consommateurs dans les rayons alimentaires d’une grande surface genevoise, ou les campagnes de dépistage du diabète ouvertes à tous.

« L’ouverture de l’AGD sur l’extérieur et le grand public est un grand succès »

« Et cela marche ! L’idée de déambuler au rayon alimentaire d’un magasin et de décrypter les étiquettes m’est venue à la lecture d’un article consacré à une initiative d’une chaîne alimentaire en Afrique du Sud. Nous avons alors approché Migros qui a accepté de jouer le jeu. La gestion régionale du distributeur a été un atout puisque l’opération a pu être avalisée, localement, par les responsables genevois. D’autre part, les campagnes de dépistage du diabète connaissent, elles aussi, un succès grandissant ! Plus de la moitié des personnes testées dans la zone à risque ne savait pas qu’elles avaient le diabète. Le succès a été tel que, pour la première fois en 2017, l’AGD a pu bénéficier d’une subvention de l’Etat de Genève pour les dépistages ».

Petite entreprise
Positionner et faire exister l’association dans la sphère publique, en collaboration aussi bien avec le secteur public de la santé, comme les HUG, qu’avec le secteur privé, comme la Migros, tel était l’objectif de ces deux initiatives. La réussite est clairement au rendez-vous.

Geoffrey Katz ne le cache pas : « on ne peut plus gérer une association de façon traditionnelle, en orientant ses activités sur la seule gestion des membres. Désormais, les actions doivent s’inspirer du modèle de la petite entreprise sans toutefois perdre de vue ses racines associatives. C’est-à-dire qu’elle doit bien mesurer le temps consacré à une activité et son impact, et pouvoir renoncer à ce qui demande trop de temps sans résultat probant. Car, souligne-t-il, le temps est la
ressource première des associations : il s’agit de ne pas de le gaspiller ».

« Cette approche est d’autant plus nécessaire, poursuit Geoffrey, qu’elle est la seule à pouvoir renforcer la crédibilité et la visibilité de l’association, tout en lui permettant de démontrer ce qu’elle sait faire. Des conditions indispensables pour que les donateurs publics et privés se mobilisent. Il est en effet terminé le temps où l’argent, alors abondant, pouvait irriguer, sans attente précise, le monde associatif. Aujourd’hui les donateurs s’engagent sur des projets concrets, crédibles et efficaces, dont l’impact visible peut être évalué ».

C’est à ce prix – Geoffrey Katz en est convaincu – que les associations, considérées désormais comme des prestataires de service qui doivent s’ouvrir au plus grand public, et non plus seulement être à l’écoute de leurs seuls membres, pourront non seulement subsister, mais se développer. Une mue qui peut déstabiliser et susciter des réticences dans un premier temps, mais qui est riche de potentialités.

Genève, sa ville d’adoption

La fidélité de Geoffrey Katz à son port d’attache genevois doit beaucoup aux raisons de son premier exil depuis la ville du Cap, en Afrique du Sud, où il est né en 1948.

Déstabilisée par l’apartheid, les violentes émeutes de Sharpeville et la sortie de l’Afrique du Sud du Commonwealth, la famille décide d’envoyer Geoffrey en Grande-Bretagne, à l’âge de quinze ans, pour qu’au moins un membre de la famille puisse espérer obtenir la nationalité britannique. « Passer d’un jour à l’autre du confort d’une chambre individuelle à un dortoir de douze ados a été une expérience plutôt surprenante », raconte Geoffrey Katz, avec ce sens bien britannique de l’euphémisme.

Ce dernier s’intègre toutefois assez rapidement, termine ses études secondaires et entre à l’Université de Leeds où il achève, en 1972, un cursus d’ingénieur textile et de business management. A l’âge de 24 ans, il est embauché par l’entreprise américaine DuPont de Nemours. Il y fera toute sa carrière, dont une trentaine d’années au siège européen de la firme, à Genève.

Le roi de la couette
« Au départ », explique Geoffrey, « j’ai travaillé dans la vente et le marketing dans le domaine des fibres textiles et du rembourrage, une spécialité de DuPont. Très vite, on m’envoie en France pour apprendre le français et développer les ventes. J’ai alors rapidement identifié une opportunité dans le marché de la couette : un défi au pays de l’édredon ! Mais un défi remporté haut la main, puisque les Français adoptent rapidement le style nordique : près de 5 millions de couettes seront vendues la première année, soit cinq fois plus qu’espéré… ». Plus tard dans sa carrière, il a été responsable global du marché des non-tissés dans le domaine médical.
Fort de ce succès, Geoffrey est transféré à Genève en 1979, après avoir vécu quelque temps à Paris où il se marie et devient père d’un premier enfant. Geoffrey Katz aura trois filles, toutes élevées à Genève ; il est l’heureux grand-père de deux petits-enfants.
P.M.

Auteur: Pierre Meyer