Quelques conseils pour voyager en toute quiétude

Le diabète n’est plus synonyme de restrictions, mais de précautions pour les amateurs de destinations exotiques.

« J’étais passionné de plongée sous-marine, mais maintenant, la plongée, c’est fini pour moi : il y a six mois, on m’a diagnostiqué un diabète ». On ne devrait plus entendre ce genre de phrases.
Les personnes diabétiques ne sont pas obligées de mettre une croix sur tout ce qu’elles aimaient faire, ou faisaient bien, avant la maladie. Mais elles doivent tout de même planifier et préparer leurs vacances un peu plus soigneusement que les gens qui n’ont pas de troubles du métabolisme, si elles veulent en profiter pleinement et n’en garder que de bons souvenirs.
Cela vaut en particulier pour les voyages dans des pays lointains, les excursions dans des endroits reculés, les vols long-courriers avec décalage horaire et les activités de loisirs impliquant une fatigue physique importante. Nous vous donnons ci-dessous quelques conseils utiles pour passer des vacances sereines malgré le diabète.

Préparatifs de voyage
Dans les pays « civilisés », touristiques, même si les contrôles se sont durcis aux aéroports et parfois même aux frontières, on ne fait pas (ou plus) d’ennuis aux diabétiques qui ont sur eux des seringues, des stylos injecteurs ou de l’insuline. Il est officiellement permis d’avoir avec soi de l’insuline à bord d’un avion. Cependant, nous vous conseillons d’avoir sur vous un certificat du médecin traitant faisant état de votre maladie et de la nécessité de transporter un matériel spécifique. Dans le cas où un agent de contrôle vous retiendrait malgré tout, faites respecter vos droits ! Au besoin, exigez de parler avec son supérieur.

«On ne fait pas (ou plus) d’ennuis aux diabétiques lors des passages de frontière, mais n’hésitez pas à vous munir d’un certificat de votre médecin »

Prenez soin de vérifier votre couverture d’assurance pour savoir si votre caisse maladie rembourse les traitements médicaux à l’étranger. Renseignez-vous sur les assurances maladie pour l’étranger. Il est également judicieux de prendre une assurance annulation (ou interruption) de voyage. Enfin, l’adhésion à un organisme d’assistance médicale aérienne vous permettrait de bénéficier, dans le pire des cas, d’un vol de rapatriement.

Si vous prévoyez un grand voyage à l’étranger, profitez-en pour faire le point sur vos vaccins. Votre pays de destination en impose-t-il certains, p. ex. contre la fièvre jaune ? Qu’en est-il de la prévention de la malaria ? Demandez conseil à votre médecin ou à un centre d’information de médecine tropicale.

Le matériel à emporter
Dans la fièvre du départ, on a tôt fait d’oublier quelque chose. Utilisez donc une check-list pour vous assurer de mettre dans votre valise tout ce qui est nécessaire.
• comprimés (en quantité suffisante), sans oublier non plus, le cas échéant, ceux pour la tension, le cholestérol etc. ; év. planning des médicaments
• insuline (basale et rapide)
• seringues et / ou stylos à injection, y.c. aiguilles
• lecteur de glycémie et bandelettes
• év. bandelettes-test pour le sucre et les corps cétoniques dans l’urine
• le cas échéant, pompe à insuline avec suffisamment d’accessoires et de batteries
• autopiqueur et lancettes
• sucre en morceaux ou sucre de raisin
• aliments anti-hypo : pain croustillant, fruits secs, barres énergétiques, etc.
• GlucaGen®-Hypo-Kit (si vous en avez)
• carnet d’auto-contrôle
• passeport diabète, carnet de vaccination, carte d’affiliation à un organisme de sauvetage, certificats médicaux éventuels, adresses d’urgence.

Il est généralement recommandé de transporter au moins une partie du matériel dans le bagage à main, car rien ne garantit que votre valise arrive à destination.

Adaptation du traitement pour les vols avec décalage horaire
Si votre traitement ne peut pas provoquer d’hypoglycémie sérieuse, vous n’avez pas besoin de l’adapter le jour du voyage. Dans le cas où vous preniez des sulfonylurées ou des glinides, assurez-vous de recevoir des repas réguliers, aussi pendant vos déplacements.

« Les voyages en avion sur plusieurs fuseaux horaires nécessitent des adaptations »

Avec un décalage horaire n’excédant pas 3 à 4 heures, l’insuline sera également injectée comme d’habitude. Les voyages en avion sur plusieurs fuseaux horaires nécessitent des adaptations :

– Pour un vol vers l’ouest (USA, Amérique du Sud…), la journée de voyage sera plus longue ; il faudra donc augmenter la dose d’insuline basale. Si vous prenez un repas supplémentaire, vous devez bien évidemment compléter par une injection d’insuline à action rapide.

– Pour un vol vers l’est (Inde, Thaïlande, Japon…), votre premier jour de vacances sera plus court ; la dose d’insuline basale devra donc être réduite. Vous trouverez des exemples dans le tableau 1. Pour le vol de retour, ce sera bien entendu l’inverse. Votre médecin traitant peut vous donner toutes les explications nécessaires.

L’insuline en avion
À part les turbulences que pourrait traverser votre avion, l’hypoglycémie est la seule chose susceptible de perturber sérieusement votre vol, si vous êtes sous traitement insulinique (et éventuellement si vous prenez des sulfonylurées ou des glinides).

Une hypoglycémie peut être impressionnante pour les autres voyageurs et le personnel navigant. Pour l’éviter au maximum, respectez strictement les règles, comme lorsque vous conduisez un véhicule. Pour l’insuline du repas, calculez une dose un peu en dessous de la dose habituelle, p. ex. 20 % de moins. Ne faites jamais l’injection sans avoir l’assurance que le plateau-repas sera bientôt devant vous.

« Transporter une partie de votre matériel dans votre bagage à main »

Si vous voyagez seul(e), informez l’hôtesse de l’air qu’un comportement étrange survenant tout à coup peut être le signe d’une hypoglycémie, et expliquez-lui comment la traiter.À votre arrivée, n’oubliez pas de régler votre montre à l’heure locale.

Faites ce que vous avez toujours fait (ou devriez faire) !
En vacances, vos journées ne se dérouleront probablement pas comme à l’accoutumée, notamment pour ce qui est des repas et de l’activité physique. Vous allez découvrir de nouvelles choses et vivre des expériences enrichissantes, dans des situations variées, mais le b.a-ba du diabète ne change pas : adaptez les doses de médicaments ou d’insuline à l’activité physique du moment, comme vous en avez l’habitude.

Rappelez-vous que si vous faites du sport sur une longue durée, souvent il faut aussi réduire l’insuline basale de la nuit. Prenez en compte les changements d’alimentation, en nature et en quantités. Bien évidemment, en cas d’incertitude, il est judicieux et même nécessaire de mesurer la glycémie un peu plus souvent. Ne cherchez pas à vous mettre en « congé du diabète ».

Attention à la gastro !
Une gastro-entérite aiguë accompagnée de nausées, vomissements et diarrhée est une éventualité à prendre au sérieux : en particulier, si vous avez pris des comprimés hypoglycémiants, comme des sulfonylurées ou des glinides, ou si vous avez fait une injection d’insuline en vue d’un repas, une hypoglycémie peut se produire, plus ou moins sévère selon la situation. Si c’est encore possible, essayez de boire une boisson sucrée par petites gorgées, p. ex. une boisson gazeuse au cola, généralement bien tolérée. On peut aussi, bien sûr, se faire une tisane ou un thé, avec 10 morceaux de sucre par litre.

Si vous perdez beaucoup de liquide, alternez avec un bouillon salé ou une solution de réhydratation que l’on trouve en pharmacie. Si les vomissements vous empêchent d’avaler tout liquide, il faut consulter un médecin. Une perfusion sera peut-être nécessaire. (Cela est évidemment valable aussi pour les personnes non diabétiques).

Pour être paré à toute éventualité, les diabétiques de type 1 qui sont à risque devraient avoir un GlucaGen®-Hypo-kit dans le bagage qu’ils gardent avec eux.

On peut souvent éviter les indigestions, mais c’est loin d’être toujours le cas. Respectez les règles d’usage : « Boil it, cook it, peel it or forget it », soit bouillir, cuire, éplucher… ou oublier ! Si l’hygiène vous semble douteuse, mieux vaut faire une croix sur la glace du marchand ambulant ou l’assiette de salade du restaurant.

« En cas d’achat d’insuline à l’étranger, vérifiez bien la concentration d’unités par mililitre. Elle peut être différente de votre U-100 habituelle »

Le mal des transports / mal de mer peut aussi être un obstacle à une alimentation normale, car il cause vertiges, nausées, vomissements et un malaise général. Par précaution, injectez l’insuline à action rapide seulement après le repas, selon la quantité que vous aurez réussi à ingérer. Certains médicaments peuvent prévenir le mal des transports (voir la pharmacie de voyage).

En cas de maladie fébrile, les mêmes mesures qu’à la maison s’imposent. La seule différence : il est encore plus désagréable de tomber malade loin de chez soi ! N’oubliez pas que la dose d’insuline doit toujours être augmentée dans ce cas.

Attention : insuline U-100
Rassurez-vous : il est rare que l’insuline se fasse dérober – ou alors, seulement si elle se trouve dans les bagages volés. C’est d’ailleurs pour cela qu’il vaut mieux éviter d’avoir toutes ses réserves au même endroit. Néanmoins, si vous deviez vous retrouver sans insuline, il serait indispensable de vous rendre dans une pharmacie, dans un hôpital ou chez un médecin, selon le pays.

Bien que de très nombreux pays utilisent l’insuline dans la concentration de 100 unités par millilitre (U-100), l’insuline U-40 ou U-80 est parfois encore commercialisée ici ou là. Si vous achetez de l’insuline à l’étranger, vérifiez donc toujours sa concentration. Seules les insulines U-100 doivent être utilisées pour vos injections ou vos stylos, sous peine d’hyperglycémies sévères. En cas d’urgence, il faudra donc éventuellement acheter du matériel d’injection adapté à l’insuline U-40 ou U-80. Mais attention : de retour chez vous, jetez le matériel non utilisé à la poubelle, car si vous le remplissez avec de l’insuline U-100, la seule utilisée chez nous, vous risquez de graves hypoglycémies !

Renoncer au voyage ? Seulement dans les cas exceptionnels
Il n’y a que très peu de raisons de renoncer à partir en vacances à cause d’un diabète. La plus importante est un grand changement de traitement insulinique, à cause de l’instabilité des glycémies qui peut se produire. Mais, même dans ce cas, la solution serait de repousser le voyage prévu plutôt que de l’annuler.

Bien entendu, les complications graves du diabète comme une perte de vision due à la rétinopathie ou des lésions rénales avancées sont des obstacles à la pratique de certaines activités de loisirs. Mais c’est la même chose quand vous êtes chez vous. Bien planifié, un voyage adapté à votre état de santé actuel est presque toujours possible.

Les précautions de base
• Que vous soyez diabétique ou non, vous avez toujours intérêt à préparer une petite pharmacie de voyage. Le tableau 2 vous propose une check-list qui peut bien sûr être complétée selon votre situation personnelle et votre destination.

• Si vous prenez régulièrement d’autres médicaments que les antidiabétiques, vous devriez absolument en avoir un stock de quelques jours au moins dans votre bagage à main.

• Les patients atteints de neuropathie et / ou de troubles circulatoires aux jambes et aux pieds ne devraient jamais marcher pieds nus, ni dans le sable ni sur le balcon de la chambre d’hôtel.

• La fiabilité des bandelettes-test n’est plus garantie en dessous de 5-10°C et au-dessus de 35°C. Protégez le lecteur de glycémie des rayons directs du soleil. Si l’air est très humide, p. ex. dans la forêt tropicale, les bandelettes doivent être conservées dans des contenants bien fermés. Si vous passez vos vacances à la montagne, sachez que la glycémie peut être mesurée correctement jusqu’à une altitude de 3 000 m.

• Les flacons d’insuline entamés peuvent être stockés sans problème quelques semaines à température ambiante. Mais ils doivent bien évidemment être protégés des fortes chaleurs et des températures en dessous de zéro. En vacances de ski, transportez votre insuline – avec les bandelettes – le plus près possible du corps, jamais dans le sac à dos !

• Si vous partez en voiture : mesurez votre glycémie avant chaque trajet et faites toujours suffisamment de longues pauses.

• Par fortes chaleurs, les symptômes d’une hypoglycémie peuvent passer inaperçus.

• Après un infarctus ou une opération du cœur, rien ne dit que vous ne pourrez plus jamais voyager. Une fois votre situation cardiovasculaire stabilisée, de nombreuses destinations vous sont de nouveau ouvertes.

• Lors des vols long-courriers, le risque d’obstruction veineuse par un caillot de sang (thrombose veineuse) est augmenté, en particulier au niveau des jambes. Bougez régulièrement pendant le vol. Buvez suffisamment, mais soyez très raisonnable avec l’alcool. Si vos pieds ont tendance à gonfler, portez des bas de contention. Faites le point sur votre niveau de risque avec votre médecin. En cas de risque élevé de thrombose, vous pouvez recevoir une piqûre d’héparine le jour du voyage.

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter de tout cœur des vacances réussies et sans soucis !

Article paru dans le d-journal alémanique du mois de juillet 2017
Traduction : Karine Launay

Nouvelle présentation de la brochure patients

« Diabète et voyage en avion »
Pour que vous puissiez décoller en paix
En coopération avec la compagnie aérienne SWISS, une nouvelle édition de la brochure appréciée sur le diabète et les voyages aériens a été réalisée.
En plus des informations importantes sur le dosage de l’insuline, le décalage horaire et une check-list pour appareils et accessoires. La brochure relookée contient également le certificat médical pour le transport de matériel lié au diabète.
La brochure peut être commandée en français, allemand et italien auprès de votre association régionale du diabète.

Auteur: Dr K. Scheidegger