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La presse et le diabète
La lecture du commentaire du Dr Nicolas von der Weid, paru dans le d-journal n°5 2018, sous le titre « Confusion, imprécisions : quand la presse maltraite le diabète », m’a laissé pour le moins pantois. Je partage l’avis général de ce spécialiste : la presse méconnaît le diabète. Par contre, il m’apparaît que cette vision est tout à fait réductrice. Le d-journal aurait pu apporter un peu de nuance sur « l’ignorance » de la presse quand la même publication a l’habitude de faire une revue de presse en reprenant des extraits parus dans les quotidiens romands.

Si je me permets de réagir, c’est que je suis un journaliste et que je suis diabétique insulino-dépendant depuis le début des années 1990. Je pense donc être bien placé pour évoquer la problématique énoncée. La vision du Dr von der Weid est donc aussi partielle et déformée que la vision d’un diabétique atteint de rétinopathie. Certes les journalistes ne connaissent pas la maladie alors que celle-ci est pourtant l’une des plus répandues dans notre société, mais il convient d’élargir le débat. Les médias ne sont que le reflet du monde qui les entoure. La population elle-même est dans une très large majorité ignorante de ce mal qui l’impacte pourtant de manière conséquente et durable. (…)

Alors si la presse prend un blâme pour les imprécisions et erreurs contenues dans certains articles, il convient aussi au corps médical et aux spécialistes de la santé à prendre leur part de responsabilités. C’est aussi à eux de réussir à vulgariser la maladie et la rendre accessible autant aux malades qu’aux proches, mais aussi à ceux qui sont capables ensuite de relayer leurs messages : les médias. (…)

Pour finir, j’aimerais également revenir sur la conclusion du commentaire du Dr von der Weid qui accuse la presse de susciter des « espoirs prématurés » chez les diabétiques en faisant des annonces « sensationnalistes ». Ces quelques lignes me rappellent l’annonce qui m’avait été faite dans les années 1990 : une montre capable de lire la glycémie était sur le point d’être commercialisée et permettrait d’éviter de se piquer le doigt. Je me rappelle très bien de cet espoir. Il m’avait été inculqué par un médecin du CHUV puis répété par deux diabétologues pendant des années. Cette montre n’existe toujours pas presque
30 ans plus tard.

J’espère que mon propos permettra d’apporter des éléments de réflexion. Il n’a en tout cas pas l’objectif d’être une mise au point, qui ne pourrait être que prétentieuse.

Auteur: Raphaël Ebinger, Nyon