Le dessin d’Eric Buche

 

De plus en plus présent en Europe, mais pas en Suisse, l’étiquetage alimentaire Nutri-Score va faire son apparition en 2019 dans les grandes surfaces helvétiques. Par la petite porte, puisque seules deux sociétés françaises ont, pour l’instant, décidé d’étendre au marché suisse la vente de leurs produits frappés du logo aux cinq couleurs. Affiché sur la face avant des emballages, il a pour objectif d’aider le consommateur à apprécier, d’un seul coup d’œil, la valeur nutritionnelle des aliments transformés.

Ce nouvel instrument devrait séduire les clients, car rares sont ceux qui déchiffrent la liste des ingrédients affichée au dos de l’emballage. Certes, des applications sur téléphone mobile sont désormais disponibles pour décrypter le code-barre apposé sur les paquets, mais, là encore, seule une minorité s’en sert.

Hormis son aspect pratique et intuitif, le Nutri-Score, revers de la médaille, est cependant réducteur. Trop réducteur, par exemple pour les personnes diabétiques puisque la teneur en glucides contenus dans la préparation ne figure que sur la face arrière de l’emballage.
Trop réducteur aussi puisqu’il ne prend en considération, par la force des choses, que le produit mis à disposition, alors qu’une alimentation saine repose sur l’équilibre global de l’ensemble des nutriments absorbés lors des repas.

Trop réducteur enfin, puisqu’il fait fi des additifs contenus dans les plats préparés par l’industrie alimentaire. Le Nutri-Score ne tient, en outre, pas compte de l’état de transformation des aliments proposés. Or, la gamme des aliments ultra-transformés par l’agro-industrie est sans fin et ces derniers contiennent souvent trop de gras, trop de sucre et trop de sel pour une alimentation équilibrée.

Le Nutri-Score n’est donc pas la panacée, même s’il répond clairement à une attente des consommateurs. Du côté des spécialistes en nutrition, on est plus dubitatifs : pour eux, seule une alimentation reposant essentiellement sur toute la palette des produits frais et peu transformés est de nature à enrayer la progression dramatique des maladies métaboliques, comme l’obésité ou le diabète. Un message de prévention qu’ils ne cessent de répéter.

 

J’ai fait un très bon score
Grâce à mon nutriscore
Je compte sur mon capteur
Pour une stabilité à toute heure
Avec ma pompe intelligente
Plus de courbes en pente
Sans mon rutilant smartphone
Aucune glycémie ne serait bonne
Rares sont mes séjours à l’hôpital
Connecté j’ai moins de mal
A être un heureux diabétique
Merci à toutes ces techniques

                                 André Tschanz

Auteur: Pierre Meyer