Une équipe de chercheurs de l’Ulsan National Institute of Science and Technology (UNIST), en Corée du Sud, a mis au point une lentille de contact capable de relever le taux de glucose dans les larmes.
La piqûre au bout du doigt est la méthode la plus utilisée par les diabétiques pour surveiller leur taux de glucose dans le sang. Toutefois, cette méthode est contraignante et moins pratique que les capteurs de glucose en continu apposés sur la peau.
Au cours de ces dernières années, des chercheurs ont déjà tenté de mettre au point des lentilles de contact capables de mesurer en continu le taux de glucose dans les larmes.
En 2014, nous apprenions le partenariat entre la firme pharmaceutique suisse « Novartis » et le géant du Web « Google » pour mettre au point des lentilles de contact intelligentes. Des tests avaient été envisagés pour l’année 2016 mais faute d’une technologie suffisante, ils avaient été repoussés à une date indéterminée. Leurs premiers prototypes utilisaient des matériaux rigides et opaques rendant leur utilisation inconfortable. De plus, les taux de glucose relevés étaient peu fiables.
Flexible et transparente
L’équipe de l’UNIST s’est justement penchée sur l’amélioration de la flexibilité, la transparence et la fiabilité de ce type de lentille de contact. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Science Advances le 24 janvier dernier.
Ainsi, ils ont développé des lentilles issues de matériaux à l’échelle nanométrique très flexibles et transparentes. Leur lentille contient un capteur de glucose capable de générer un signal électrique et d’allumer un pixel LED. La luminosité du pixel LED est inversement proportionnel à la concentration de glucose dans le liquide lacrymal. En d’autres termes, le pixel LED s’éteint lorsque le taux de glucose dans le liquide lacrymal est au-dessus de la norme. La lumière de ce pixel LED est visible dans un miroir par exemple, mais ne devrait pas altérer la vue du porteur.
De plus, la lentille contient une antenne permettant de relayer les valeurs mesurées à une application dédiée sur un smartphone.
A noter, lors des tests, la réaction enzymatique à l’origine du signal électrique a perduré 48 heures dans un liquide lacrymal artificiel. Ce résultat est prometteur et encourageant quant au délai de remplacement de ces lentilles.
Testées sur des lapins
L’équipe de l’UNIST n’a pas encore testé ces lentilles sur l’être humain mais uniquement sur des lapins. D’après leur publication, les lapins n’ont montré aucun signe d’irritation ni d’effets indésirables. Les résultats de leur étude mettent également en lumière la fiabilité des taux de glucose mesuré dans le liquide lacrymal des lapins.
Au vu des enjeux thérapeutiques, financiers et technologiques, la concurrence dans le domaine des lentilles intelligentes est rude. Des sociétés comme Sensimed, EPGLMed, Apple, Sony et Samsung travaillent sur des projets similaires. Sony et Samsung travailleraient sur des lentilles de contact intelligentes capables non pas de mesurer la glycémie mais de prendre des photos ou des vidéos en un battement de cils.
Technologies embarquées
Evidemment, les technologies embarquées sur ce type de lentilles pourraient être utilisées pour nos lentilles glucométriques, comme la miniaturisation du stockage et de la transmission de l’information ou encore l’utilisation de capteurs piézoélectriques qui convertiraient les mouvements de l’œil en énergie et rendraient la lentille autonome énergétiquement.
