Georges Cimarelli, un des référents diabète au sein des HUG

Avec ce portrait de Georges Cimarelli, infirmier clinicien, le d-journal lance une série d’articles sur les infirmières / infirmiers en diabétologie. Selon le contexte dans lequel ils / elles évoluent les pratiques comme les enjeux se révèlent très divers. La série commence par un infirmier intégré dans un grand hôpital universitaire, les HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève).

La petite soixantaine, Georges Cimarelli est comme un poisson dans l’eau dans le vaste et complexe dispositif médical que représentent les HUG à Genève. Pas très étonnant, puisqu’en novembre 2019, ce spécialiste des soins en matière de diabète, comptera pas moins de 29 ans en diabétologie. « J’ai démarré, au début des années 90, dans le service du Prof. Jean-Philippe Assal, le pionnier de l’éducation thérapeutique. Cet homme, d’ailleurs, devrait obtenir le Prix Nobel, tant il a contribué à faire émerger le rôle central du patient dans la gestion de sa maladie chronique, tant il a compris qu’un diabétique était d’abord une personne, avant d’être un malade : à l’époque, une vraie révolution ».

« La clé de notre travail est la transversalité. Nous intervenons dans l’ensemble des services de l’hôpital »

Venu de Lorraine, où son père avait émigré d’Italie pour travailler dans la sidérurgie, Georges Cimarelli, après sa formation d’infirmier en France, est arrivé en Suisse et aux HUG un peu par hasard, poussé par la très grave crise qu’a connu la sidérurgie lorraine dans les années 70 et 80. « J’avais le choix entre le Canada et la Suisse, mais la perspective des grands froids du nord, pour moi le Méditerranéen, m’a fait préférer, en 1982, la Suisse romande pour sa langue et sa météo plus clémente. En tout cas pour le travail, puisque mon domicile est en France voisine, du côté d’Aix-les-Bains ».

« 100 ans d’expérience dans le domaine du diabète ! »
Après une première expérience, déjà aux HUG, dans le service de rééducation des paraplégiques, il découvre celui de l’enseignement aux diabétiques. Une vraie passion naît de cette découverte, qui ne le lâchera plus. Il œuvre aujourd’hui au sein de la direction des soins des HUG, comme spécialiste clinique en diabétologie, aux côtés de trois collègues infirmières en diabétologie, Mesdames Montserrat Castellsague-Perolini, Luz Grand-Guillaume Perrenoud et Christiane Helary. « A nous quatre, nous cumulons plus de 100 ans d’expérience dans le domaine du diabète », se plaît-il à souligner, tout en s’inquiétant immédiatement du défi de la relève, dans laquelle l’unité diabète est pleinement engagée.

Les HUG où travaille Georges Cimarelli
Les HUG où travaille Georges Cimarelli

« La clé de notre travail est la transversalité. Nous intervenons dans l’ensemble des services de l’hôpital, mais avons également des liens avec les endocrinologues-diabétologues installés en ville, ainsi qu’avec les institutions publiques engagées dans le secteur de la santé, indique Georges Cimarelli. Environ 10 % des patients hospitalisés ou arrivant aux urgences, sont des personnes diabétiques qui sont là, soit en raison de leur maladie, soit pour d’autres affections. Hors de toute hiérarchie médicale, nos interlocuteurs sont aussi bien les soignants que les soignés ». Au cours de l’interview, le bip de Georges Cimarelli n’a d’ailleurs cessé de sonner, sollicité notamment par des soignants devant résoudre un problème lié au diabète d’un patient appelé, par exemple, à subir un examen médical.

Un message aussi cohérent que possible
« Notre préoccupation constante, ajoute l’infirmier clinicien, est d’assurer un lien aussi étroit que possible avec les soignants dans une approche pluridisciplinaire où nous veillons à prendre en considération les besoins de nos différents interlocuteurs de soins. En parallèle, nous sommes également très attentifs à développer un message aussi convergent et cohérent que possible, gage d’efficacité pour l’institution d’une part, mais aussi de qualité de vie pour les patients qui sont associés à leur traitement, d’autre part. Rappelons que les patients diabétiques sont dispersés dans tous les services, que ce soit pour les complications en lien avec leur maladie (troubles cardio-vasculaires, plaies aux membres inférieurs ou obésité) ou qu’ils soient là pour d’autres raisons (accouchement ou opérations diverses). »

« Hors de toute hiérarchie médicale, nos interlocuteurs sont aussi bien les soignants que les soignés »

Depuis deux-trois décennies, les HUG ont ainsi acquis une somme impressionnante de savoirs dans le domaine du diabète dont les bénéficiaires sont autant les soignants que les patients. « Ce transfert de connaissances et de pratiques sont un atout précieux pour tous les intervenants, dans l’hôpital et hors de l’institution. Pensez donc, certains de nos patients ont soixante ans de vécu avec le diabète. Ils ont donc acquis une expérience et des connaissances d’une richesse incomparable », insiste Georges Cimarelli.

Pour la personne diabétique, une obligation de résultats
Un brin provocateur, Georges Cimarelli, invité par l’Association valaisanne des diabétiques, n’avait-il pas intitulé sa conférence : « Comment aider votre médecin à mieux vous soigner ? ».

Davantage qu’une figure de style, il s’agit bien d’une conviction très ancrée chez lui, car « si le médecin a bien une obligation de moyens à l’égard de son patient, la personne diabétique a, pour ce qui la concerne, une obligation de résultats ». Un constat qui vaut non seulement dans le cas du diabète, mais également pour toutes les maladies chroniques.

Dans sa pratique, l’infirmier clinicien en diabétologie s’occupe de tous les cas de diabète (type 1, type 2, diabète gestationnel, etc.), du nourrisson à la personne âgée. Peu à peu, il s’est toutefois concentré davantage sur le diabète de type 1, fasciné qu’il est par les progrès technologiques ultra-rapides qui concernent aussi bien les mesures de glycémie, l’injection de l’insuline que les insulines elles-mêmes. « Cela explose, note-il. Et il faut s’accrocher pour apprendre à maîtriser le maniement de tous ces appareils, puis de pouvoir l’expliquer de manière aussi adaptée que limpide aux personnes diabétiques qui auront à s’en servir ».

Une journée marathon
La journée-type de Georges Cimarelli ressemble à un marathon. A peine arrivé, il se consacre tout d’abord aux tâches administratives, mais il est vite accaparé par les appels qui vont se multiplier tout au long de la journée. Puis, il se rend, pour des consultations, auprès des personnes diabétiques hospitalisées. « Il m’arrive également de voir des patients en soins ambulatoires, ajoute l’infirmier-clinicien, car je les connais, parfois, depuis fort longtemps ».

« Pensez donc, certains de nos patients ont soixante ans de vécu avec le diabète »

Les appels d’urgence ne sont pas rares, qu’ils proviennent de patients soudains alarmés par le fonctionnement de leurs pompes à insuline ou qu’ils émanent du service des urgences de l’hôpital lui-même, désarçonné par l’arrivée d’un malade : « mon intervention peut permettre d’éviter une hospitalisation, ce qui est tout bénéfice pour la personne concernée ».

A ces actions ponctuelles peuvent s’ajouter une réunion interne de coordination et de transmission de l’information, un enseignement en groupe pour, par exemple, présenter toutes les subtilités d’une nouvelle pompe à insuline, la présentation-test d’un nouvel appareil, encore non commercialisé, par son fabricant ainsi que des cours de formation pour les employés des services d’aide à domicile de l’Etat. « Le diabète de la personne âgée est particulier, précise Georges Cimarelli. Il nécessite une approche spécifique qui, jusqu’ici, n’a été que peu prise en considération dans les traitements courants ».

Parmi les interlocuteurs réguliers de Georges Cimarelli, citons également les infirmiers / infirmières scolaires, les sages-femmes ainsi que les stagiaires étrangers, sans oublier la Fondation pour la recherche sur le diabète, dont le siège est à Genève.

Des contacts réguliers avec diabète genève
Des contacts réguliers avec diabète genèveL’unité diabète de la direction des soins des HUG ne travaille ainsi pas en vase clos, mais reçoit, au contraire, des stimuli de tous les acteurs du diabète à Genève, qu’il s’agisse des professionnels de la santé ou des patients. Parmi ces acteurs figure en bonne place diabète genève, l’association cantonale des diabétiques, avec laquelle Georges Cimarelli et ses collègues entretiennent des liens étroits. Par ailleurs, une de ses collègues fait partie de la Commission médicale de diabète genève.

« Mon intervention peut permettre d’éviter une hospitalisation, ce qui est tout bénéfice pour la personne concernée »

« Tout d’abord, nous informons systématiquement nos nouveaux patients de l’existence de l’association, en leur expliquant notamment qu’ils peuvent y trouver le matériel nécessaire à leur traitement et des conseils avisés (par exemple en matière diététique). Nous attirons également leur attention sur les prestations fournies par Diabète Genève, comme les soins des pieds ».

Georges Cimarelli se réjouit de constater que le courant passe avec diabète genève : « Nous sommes sur la même longueur d’onde, en particulier dans le désir de renforcer l’autonomie du patient, en valorisant ses compétences. Une telle approche contribue à renforcer la confiance du malade en lui-même ce qui a très directement un impact positif sur sa capacité à gérer, au mieux et au quotidien, son traitement ».

Très engagés sur tous les fronts, les infirmiers et infirmières cliniciennes en diabétologie des Hôpitaux Universitaires de Genève forment, à n’en pas douter, un centre de compétences précieux, auquel toute personne diabétique, confrontée à une hospitalisation, ne devrait pas hésiter à recourir.

Georges Cimarelli
Georges Cimarelli
Auteur: Pierre Meyer