Course de chiens de traîneau

Diabète de type 1

Aussi amoureux de ses chiens que de son sport, Kurt Moosmann était parti en balade nocturne le cœur léger, le sourire aux lèvres. Jusqu’à ce que la belle mécanique s’enraye…

Diabétique de type 1 depuis 20 ans et très actif dans le domaine du traîneau à chiens, l’envie me prit, un mercredi soir de février après de bonnes chutes de neige, de faire, seul, un entraînement nocturne dans le Jura.

Comme à chaque fois, j’ai préparé mon matériel, chargé mes chiens, placé mon traîneau dans la remorque et, surtout, je me suis assuré d’avoir mon Omnipod et mes sucres de raisin. Arrivé à la Vue-des-Alpes, la météo était idéalement bonne, l’enneigement parfait, accompagné d’un petit vent.

Le chien embrasse son maîtreIl était alors temps de préparer les chiens, surexcités par l’aventure, et mon traîneau : tout cela dans la bonne humeur. Les préparatifs consistent à hydrater les chiens, les harnacher et les masser pour chauffer leur musculature, sans oublier de m’équiper avec lampe frontale, gants, bonnet, coupe-vent, veste chaude et, bien sûr, mon sucre de raisin.

Soudain, une hypo…
Prêt au départ, je ferme ma voiture, monte sur le traîneau et « Go ! » : c’est parti pour 15 km. Le début du parcours est assez physique, 6 km de montée, suivi d’un faux-plat montant, une descente de 3 km et retour sur la même piste.

Les chiens, motivés, tractent et moi, à l’arrière, leur donne un coup de main en courant derrière mon traîneau, ce qu’ils apprécient : un vrai travail d’équipe. Subitement, la montée à peine franchie, je ressens des picotements sur la langue. Oups ! Le début d’une hypoglycémie. Je prends mes morceaux de sucre de raisin et cherche mon appareil de contrôle ; OUILLE… problème, je l’ai oublié dans la voiture !!!

Dans ma tête, le film commence en pleine nature : isolé de la civilisation, comment réagir ? Téléphoner à des amis de la région, très bonne idée, mais en prenant mon natel, je constate qu’il n y a pas de couverture réseau !!!

Course contre la montre
Il m’est impossible de stopper ma pompe à insuline, mon PDM (télécommande de la pompe) étant resté dans la voiture. Après une grosse respiration, je prends la décision de ne plus courir et de laisser les chiens travailler. Mais, après quelques minutes, je constate que le sucre de raisin ne suffit pas, mon stock de glucides est épuisé, impossible de stopper ma pompe. Je décide donc de retirer le pod et de prendre un autre itinéraire, moins pentu, mais hors des traces, ce qui signifie davantage de travail pour les chiens ; tout va se faire dans la poudreuse.

La tension monte d’un cran, les chiens sentent le problème, se retournent régulièrement et me regardent. Mon ressenti n’est pas bon : picotement dans la bouche et l’impression de voir trouble… Là, je me dis : ça passe ou ça casse.

Les chiens se donnent à fond
Les chiens avalent les kilomètres sur un tempo d’enfer et mon leader, le chien de tête, cherche régulièrement le contact visuel avec moi ; je le motive. A l’horizon, je commence à voir les premières lumières. Je me sens rassuré, mais il reste encore environ deux kilomètres dont un en faux-plat montant.

Mon team se donne à fond et enfin, j’aperçois ma voiture : sauvé ou presque…

Glycémie à 1,9 mmol !Kurt caresses ses chiens dans un moment de complicité
Arrivé à la voiture, j’assure mon attelage et me précipite dans l’habitacle pour enfin combler mon manque de sucre. Je fais un contrôle de glycémie ; il n’a pas manqué beaucoup pour que je perde conscience ; le résultat, en effet : 1,9 mmol.

Là, je remercie mes chiens et ils me font la fête. Après une demi-heure, tout est chargé et je suis de retour à la maison, sain et sauf.

Ce récit rappelle, une fois de plus, l’importance du matériel de secours (lecteur de glycémie, PDM pour la pompe à insuline, bandelettes d’acétones et glucide en abondance), afin d’éviter toute hypoglycémie grave.

Lors de vos sorties et au quotidien, vérifiez que tout ce matériel soit toujours à portée de mains. Et surtout, profitez de la vie, le diabète n’est pas un handicap insurmontable, mais il ne faut jamais le sous-estimer.

Beau printemps à tous !

 

Merci à Monsieur Kurt Moosmann d’avoir envoyé ce « glaçant » témoignage au d-journal. Cette publication est la vôtre. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences que nous nous ferons un plaisir de communiquer à l’ensemble des lecteurs du d-journal.

Le rédacteur en chef

Auteur: Kurt Moosmann