Quand le patient prend l’initiative …

A l’heure de l’internet, des réseaux sociaux et des objets de santé connectés, la relation patient-médecin est en train de changer de nature. La position d’autorité du médecin est bien sûr encore d’actualité, mais elle est en train de perdre du terrain au profit d’un échange plus équilibré et plus dynamique. Une évolution intéressante à plus d’un titre qui suppose, toutefois, que chacun des protagonistes reste dans le rôle qui est le sien.
Ce qu’il y a sans doute de plus frappant dans les changements induits par les nouvelles technologies est qu’elles constituent désormais une interface commune entre le patient et son médecin. Jusqu’ici le savoir était inéquitablement réparti entre le médecin, seul détenteur du savoir, et le patient, réceptacle passif de ce même savoir. Certes, l’expérience de la personne diabétique dans la gestion de son traitement fait depuis quelques lustres l’objet d’une vraie reconnaissance par le personnel médical, mais elle s’exprimait encore dans un face-à-face clos avec son médecin.
Aujourd’hui, la multiplicité des sources disponibles, les capacités d’échanges offertes par l’internet ont pour effet que le patient est nourri d’un savoir pluriel, alimenté par tous les contacts virtuels qu’il peut nouer. La quantité des données recueillies par ce biais ne fait évidemment pas forcément leur qualité, mais c’est désormais nanti de ce bagage que le patient se rend chez son médecin, qui se retrouve sommé de commenter et d’arbitrer le flot d’informations présentés par son malade.
Pour nombre de praticiens, ce sera, en tout cas dans un premier temps, une réelle source d’inconfort : qu’est-ce que ce patient qui croit tout savoir ? Mais aussi une chance, celle de pouvoir établir avec le malade une autre forme de relation débouchant sur un partenariat thérapeutique potentiellement fécond. Au monologue succédera un dialogue, chacun reconnaissant à l’autre ses compétences propres, dont on peut attendre légitimement qu’il fasse progresser le malade vers un état de santé amélioré.
Le défi est de taille. Il appartient aux médecins de le relever sans tarder. Car il serait vain de résister à ce tsunami technologique qui ne fera que s’amplifier.