On ne peut parler d’alimentation et d’ajustement insulinique sans parler du comptage des glucides (= hydrates de carbone = sucres, tous sucres confondus). Tous les glucides ne se comportent pas de la même manière. Cela dépend de leur structure chimique, mais également des autres nutriments et des fibres alimentaires.

Il est toujours surprenant d’entendre que bon nombre des diabétiques de type 1 ne comptent pas la quantité de glucides de leurs repas, se fiant plus au volume de leur assiette qu’à sa concentration en glucides. Etonnement, cela fonctionne généralement assez bien. Probablement est-ce dû à la somme des expériences et des années de diabète, qui amène la personne diabétique à devenir experte dans ce domaine. Cela fonctionne assez bien, sauf quand cela ne fonctionne pas, voire pas du tout, avec de très mauvaises surprises à la clef. C’est aussi la raison pour laquelle une personne arrive difficilement à améliorer son hémoglobine glyquée (HbA1c = équilibre du diabète sur les trois derniers mois) qui reste trop haute, entraînant des complications à plus ou moins long terme.

Compter les glucides

Pour un même volume, un repas peut être plus ou moins concentré en glucides. Le fait de compter les glucides permet d’être plus précis dans la dose d’insuline à injecter. Cela évite de perdre deux à trois heures en hyperglycémie (taux de sucre trop haut) avant de faire une correction ou de se resucrer parce qu’on est en hypoglycémies (taux de sucre trop bas) et devoir patienter pour être à nouveau en forme. Les insulines ultra, très rapides ou rapides permettent de faire ce que l’on veut, puisqu’il suffit d’ajuster le traitement en fonction de ce que l’on mange. Une dose d’insuline pour une quantité définie de glucides est fixée, qui sera ajustée par tranche de 10 g de glucides consommés en plus ou en moins, sans oublier l’ajustement en fonction de la glycémie de départ. Les diabétiques de type 2, sous insuline d’action intermédiaire ou lente, ne peuvent pas ajuster leur insuline aussi facilement, parce que leur temps d’action est beaucoup plus long. Ils doivent donc avoir une régularité quant à la quantité de glucides de leurs repas. Sous insuline rapide, on peut manger presque tout ce que l’on veut. Presque, parce qu’au-delà d’une trop grande quantité de glucides consommée à la fois, il devient très compliqué de l’ajuster correctement. C’est comme si, à partir d’un certain seuil, l’insuline n’agissait plus, puis, au moment où elle agissait à nouveau, faisait « plonger » la glycémie avec un risque majeur d’hypoglycémie. Il faut donc être raisonnable et compter les glucides. Cette évaluation peut être faite de différentes manières : lecture des étiquettes, pesée des aliments, équivalents glucidiques, table de composition nutritionnelle, application mobile … L’apprentissage se fait avec une diététicienne, qui est la plus à même d’expliquer et guider la personne pour qu’elle devienne autonome.

Tenir compte de l’index glycémique

Tous les glucides ne se comportent pas de la même manière. Cela dépend de leur structure chimique, mais également des autres nutriments et des fibres alimentaires. L’index glycémique est un calcul qui compare l’augmentation de la glycémie que va provoquer l’ingestion de 50 g de glucides d’un aliment par rapport à celle provoquée par 50 g de glucose, l’aliment de référence en Europe. Plus l’aliment est consommé au sein d’un repas mixte (protéine, farineux, légumes, matières grasses), plus il est riche en fibres, plus l’index glycémique est bas, rendant les glycémies plus stables et leur augmentation plus douce. Ainsi pour la même quantité de glucides ingérée, on aura une meilleure glycémie en mangeant par exemple des lentilles, que des pâtes blanches. L’index glycémique n’est pas une science précise, mais une notion très intéressante qui doit être complétée par ses propres expériences.

Le rôle des graisses et des protéines

Pendant longtemps, l’effet des graisses et des protéines était considéré comme nul sur la glycémie. Avec les nouveaux systèmes de glycémie en continu, on s’est rendu compte que ce n’était pas exact, surtout en cas d’abus : Lorsque l’on mange trop gras, au-delà de 40-60 g de graisses par repas, la glycémie va augmenter trois à cinq heures après le repas. Ceci est lié à l’augmentation des triglycérides (molécules de stockage des graisses), ce qui va augmenter la résistance à l’insuline au niveau du foie et aussi au niveau des cellules musculaires et adipeuses. Lorsque l’on mange trop de protéines lors d’un repas, au-delà de 40-60 g, l’effet sur la glycémie sera identique à celui d’un excès de graisses, sauf qu’il ne sera pas lié à une résistance à l’insuline, mais à l’augmentation de la glycémie par transformation des protéines en glucose, le corps n’ayant pas besoin d’un excès de protéines. La fondue est un exemple parfait : l’apport en graisses et en protéines est massif (de l’ordre de trois fois la dose normale d’un repas), rendant la digestion extrêmement longue. Si on fait une injection d’insuline tout de suite, le risque d’hypoglycémie est énorme, parce que le pain n’est toujours pas digéré et baigne encore avec les protéines et les graisses dans l’estomac. C’est pour cela que souvent, on conseille de retarder l’injection, voire de la faire en plusieurs fois, afin que la quantité d’insuline arrive au bon moment en quantité adaptée.

L’alcool

L’alcool est à consommer avec modération : l’équivalent d’un à deux verres de vin par jour. En cas d’abus, le risque majeur est l’hypoglycémie, surtout si la consommation est nocturne. L’alcool est métabolisé par le foie, qui ne peut rien faire d’autre en même temps, notamment fabriquer du glucose en cas d’hypoglycémie. Il est donc primordial, en cas d’abus, de vérifier sa glycémie avant d’aller se coucher et de partir avec une glycémie plus haute que d’habitude (de l’ordre de 10 mmol/l), comme marge de sécurité.

Conclusion

  • Il est important de se faire accompagner par des spécialistes (médecin, diététicienne, infirmière …). C’est en faisant ses propres expériences, des autocontrôles réguliers, en se posant des questions, qu’on apprend à mieux se connaître et à progresser.
  • Les cours FIT (insulino thérapie fonctionnelle pour diabétiques de type 1), dispensés à différents endroits en Suisse, peuvent venir compléter cet apprentissage et apporter une meilleure connaissance de soi.
  • Rester raisonnable et éviter les excès, c’est également comme cela qu’on profite le plus, tout en continuant d’apprendre.
Auteur: Odile Rossetti Olaniyi, Diététicienne