Et si on mangeait moins de viande ?

Entre les carnassiers consommant viande, midi et soir,
365 jours par année, et les végétaliens, qui ne consomment plus la moindre particule animale, un monde s’étend, complexe, dans lequel il est parfois difficile de s’y retrouver.

Image source: facebook.com/healthystud
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De quoi parle-t-on exactement ?

L’homme est omnivore, il mange de tout.

Le végétalien ne mange aucun ingrédient d’origine animale, quel qu’il soit (même le miel).

Les végétariens font partie d’une grande famille qui contient des sous-catégories : le lacto-végétarien mange comme un végétalien et ajoute les ingrédients issus du lait, l’ovo-végétarien, ceux issus des œufs, le pesco-végétarien, ceux issus du poisson, puis on peut combiner : lacto-ovo végétarien, pesco-lacto-ovo-végétarien, selon ce que l’on mange ou pas.

Certains végétariens mangent occasionnellement de la viande ou du poisson et de ce fait sont appelés flexitariens.

Le végan
Le végan, quant à lui, ne consomme aucun ingrédient d’origine animale et élargit également son éviction à tout produit lié à l’animal : laine, cuir, mais également produits et techniques testés sur les animaux comme le maquillage, les médicaments…

A l’heure des conscientisations générales, qu’elles portent sur la qualité alimentaire, la condition animale, l’empreinte carbone et l’écologie, les réactions sont diverses et parfois extrêmes.

Les extrêmes ne sont jamais bons… mais soulèvent un questionnement, où une prise de conscience est généralement nécessaire.

Trop de viande
La grande enquête nutritionnelle suisse, MenuCH, qui a interrogé 2 000 personnes âgées de 18 à 75 ans, entre 2014 et 2015, a démontré, entre autres, que nous mangeons trop de viande (en moyenne 777g par semaine, soit 3x la quantité recommandée…), les hommes et les jeunes sont ceux qui en consomment le plus.

Manger trop de viande, souvent au détriment des légumes, pose des problèmes de santé (consommation trop importante d’acides gras saturés, déséquilibre acido-basique…) et également écologique.

Le bilan écologique des aliments

Source: http://www.sge-ssn.ch/media/bilan_ecologiques_des_aliments1.pdf

L’alimentation a une forte empreinte écologique
En 2014, la Société Suisse de Nutrition (SSN) a élaboré, avec l’aide d’experts, une pyramide complémentaire à la pyramide nutritionnelle sous le nom de FOODprints®, elle représente l’empreinte écologique de certains aliments des différents groupes alimentaires et prend en compte plusieurs points : les émissions, la consommation d’énergie, l’utilisation des ressources naturelles, les déchets… Ainsi l’empreinte ne sera pas identique s’il s’agit d’un légume local ou importé et acheminé par camion, bateau ou avion, cultivé en pleine terre ou hors sol, avec produits (herbicides, pesticides…) ou pas.

Par exemple, l’eau du robinet a une empreinte carbone 160 x moins lourde que l’eau suisse en PET, 183 x moins lourde que l’eau suisse en verre, et 480 x moins lourde que l’eau européenne en verre… Cette grande différence est principalement liée à son acheminement.

Selon ESU-Services, 60 % des atteintes à l’environnement en Suisse se font à l’étranger, via les biens importés. L’alimentation a l’impact le plus important, avec 30 % de la charge écologique. Or, on estime qu’un tiers de la production alimentaire n’est pas consommée et près de la moitié serait jetée à la poubelle par les ménages privés. Rien que là, il est possible de faire mieux !

Six conseils
Que faire ? FOODprints® donne six conseils : faire ses courses à pied ou à vélo, acheter juste ce dont on a besoin, consommer surtout des aliments végétaux, faire attention à la provenance des aliments, se soucier des conditions de production, boire l’eau du robinet.

Alors faut-il se limiter qu’aux aliments ayant l’impact le plus bas ? Le fait d’opter pour une alimentation restreinte qu’aux aliments végétaux pose également problème. Plus on opte pour une alimentation restrictive, pas seulement en supprimant un seul aliment, mais toute une catégorie d’aliments, plus il faudra acquérir des notions nutritionnelles pointues.
En effet, sans des connaissances développées, carences en protéines, vitamines B12, vitamine D, fer, zinc, calcium sont courantes, les enfants, femmes enceintes et personnes âgées étant les plus exposés. Dans tous les cas, un végétalien devrait systématiquement être supplémenté en vitamine B12, par exemple, ce qui ne serait pas le cas de 50 % d’entre eux.

Alors que faire ? Varier les sources de protéines, consommer local, de saison et cuisiner par ses propres soins, permettent de faire un grand pas dans la bonne direction. La couverture des besoins en est facilitée, avec une alimentation variée, adaptable aux situations et un impact environnemental contrôlé.

Nous consommons trois fois trop de viande en Suisse… et si on en mangeait moins ?

Auteur: Odile Rossetti Olaniyi, diététicienne à diabète genève