Risques cardiovasculaires

Des études viennent de démontrer que deux classes de produits sont efficaces pour prévenir les complications cardiaques dues au diabète de type 2. Voici l’intervention du Dr Thomas Wyss lors de la 22e Journée romande du diabète qui s’est tenue, le 18 novembre, au Swiss Tech de l’EPFL.

Le diabète de type 1 et le diabète de type 2 sont deux maladies complètement différentes dont le seul point commun est l’excès de sucre dans le sang. Leur traitement repose sur des bases bien différentes.

Penchons-nous uniquement sur le traitement du diabète de type 2 qui, je le rappelle, concerne 90 % de l’ensemble des diabétiques. Le contrôle de la glycémie attesté par une bonne valeur de l’HbA1c au-dessous de 7 protège le diabétique du développement de la microangiopathie (responsable de la rétinopathie et de la néphropathie diabétique). Le bon contrôle de la glycémie n’influence, cependant, que très peu l’atteinte macro-vasculaire responsable des problèmes cardiovasculaires ; or, plus de 80 % des diabétiques de type 2 meurent de ces atteintes. Contrôler le taux de sucre ne change rien à cette mortalité.

Résultats spectaculaires
Mais deux études importantes (Empareg outcome Study et Leader) viennent de démontrer que deux classes de produits pouvaient réduire ce type de mortalité d’une façon remarquable.

Les résultats les plus spectaculaires ont été observés avec l’empaglifozin (Jardiance) qui réduit les accidents cardiaques, ainsi que les décès d’origine cardiaque, de près de 40 %. Cette substance fait uriner du sucre et, par ce mécanisme, abaisse le taux de glycémie, réduit la pression artérielle, diminue le volume vasculaire et réduit le poids par la perte de calorie dans le sucre urinaire.

Deux autres médicaments dans cette classe thérapeutique existent sur le marché : le Forxiga et l’Invokana qui, globalement, débouchent sur les mêmes effets favorables, mais de façon moins marquée.

« Le bon contrôle de la glycémie n’influence que très peu l’atteinte macro-vasculaire »

L’autre étude importante (Leader) a montré une protection cardiovasculaire de 20 % avec l’analogue du GLP1 : le liraglutide (Victoza) qui s’administre par injections. Ce traitement permet d’activer la sécrétion d’insuline du pancréas, de diminuer l’activité du Glucagon et de ralentir la vidange gastrique faisant ainsi diminuer l’appétit. Les autres analogues du GLP1 sur le marché ne produisent pas cet important effet cardioprotecteur.

L’origine de l’effet cardio-protecteur de ces substances n’est pas encore élucidé, seulement constaté.

Comme tout traitement efficace a un revers de médaille, il faut savoir que la classe des médicaments qui font uriner du sucre entraîne des risques d’infection par mycoses des voies génitales. D’autre part, les traitements par les analogues du GLP1 ne sont pas tolérés par tous en raison de nausées et de vomissements essentiellement.

Meilleure prise en charge
Néanmoins, les résultats de ces deux études vont influencer la prise en charge des diabétiques de type 2 dans l’optique de la protection cardiovasculaire.
Tout diabétique de type 2, avec une atteinte cardiaque, devrait pouvoir profiter d’un traitement de Jardiance ou, si un traitement aux analogues d’un GLP1 devait être choisi, il faudrait alors recourir au Victoza.

Reste à savoir si l’association de ces deux traitements (qui pour l’instant n’est pas admise par les caisses maladie) a un effet protecteur additionnel.
En résumé, deux médicaments (Jardiance et Victoza) ont été testés et ont démontré une protection cardiovasculaire remarquable qui changera les schémas thérapeutiques de prise en charge des diabétiques de type 2.

Succès de la Journée romande du diabète

C’est devant un public aussi attentif que nombreux que s’est tenue, le 18 novembre dernier, à Lausanne (sur le site de l’EPFL), la 22e Journée romande du diabète, organisée par la Fondation pour la recherche sur le diabète. Lancés cette année pour la première fois, deux ateliers participatifs, l’un consacré à la nutrition, l’autre à l’activité physique, ont rencontré un vif succès.

Introduit par le conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé Pierre-Yves Maillard, ce rendez-vous annuel a donné l’occasion aux quelque 300 participants de se familiariser avec les dernières nouveautés de la recherche concernant le diabète de type 1 et de type 2.

Prix de la fondation 2017
Le soutien à la recherche fondamentale, qui est au cœur de la mission de la fondation, a également été à l’honneur avec la remise du Prix de la Fondation 2017 à deux scientifiques travaillant au sein de la Faculté de médecine de Genève. Le prix, d’un montant de 183.000 francs, a été attribué à Mme Estelle Brioudes pour ses travaux sur la régulation de l’insuline et à M. Christophe de Montessuit pour ses recherches sur les mécanismes de régulation du glucose dans le muscle cardiaque.

Les ateliers ont eu lieu devant un auditoire visiblement conquis. Celui consacré à la nutrition et à la diététique, co-animé par Mmes Corinne Kehl (Haute école de santé) et Maria-Lena Enz (TeamNutrition), a permis au public de recueillir des conseils pratiques sur la façon de préparer des lunch-boxes équilibrés, sur l’utilité des collations et sur l’évaluation facile des glucides. L’autre atelier, mené par le Dr Giacomo Gastaldi (diabétologue aux HUG) et par M. Sébastien Grossini (SportQuest), s’est intéressé aux activités sportives à pratiquer, que l’on souffre d’un diabète de type 1 ou d’un diabète de type 2.

P.M.

Auteur: Dr Thomas Wyss