Deltafit Groupe

Lancés en Valais, les cours DeltaFit ont conquis les participants

Le programme DeltaFit, initié par le réseau de santé Delta, a vécu sa première expérience, entre août et décembre 2019, dans le Chablais valaisan. Il a regroupé une dizaine de patients diabétiques de type 2, sous l’égide de la Maison Santé Chablais installée à Collombey. Le premier bilan est très encourageant : toutes les personnes concernées ont amélioré leur état de santé et toutes veulent poursuivre l’expérience.

« On est très heureuses des résultats obtenus et nous n’avons qu’un souhait : que le programme continue et touche de plus en plus de monde ». Derrière ce « on », on retrouve Béatrice Kurmann, infirmière en diabétologie, Emilie Seleiro, coach sportive professionnelle, Mélanie Berrut et Stéphanie Oreiller, diététiciennes, toutes quatre rattachées à la Maison Santé Chablais.

L'équipe DeltaFit de la Maison Santé Chablais: de gauche à droite: Dr Nicolas Kirchner, Béatrice Kurmann (infirmière), Emilie Seleiro (coach sportive), Mélanie Berrut et Stéphanie Oreiller (diététiciennes)
L’équipe DeltaFit de la Maison Santé Chablais: de gauche à droite: Dr Nicolas Kirchner, Béatrice Kurmann (infirmière), Emilie Seleiro (coach sportive), Mélanie Berrut et Stéphanie Oreiller (diététiciennes)

« Tout a un peu démarré sur les chapeaux de roue, confie Béatrice Kurmann. Nous avons distribué quelques flyers, mais le groupe pionnier constitué en août 2019 est essentiellement composé de patients de la maison de santé. Des patients dont le point commun était d’avoir renoncé à toute activité physique et d’être en majorité en surpoids. Les convaincre n’a pas été évident, mais vu les excellents résultats obtenus après seulement quatre mois de cours, je ne peux que me réjouir d’avoir insisté et persévéré ».

Vaincre la peur
« Rien n’était gagné d’avance, confirme Emilie Seleiro, la coach sportive au solide bagage universitaire. Tous les participants, 7 hommes et 3 femmes de 50 à 74 ans, avaient au début peur de s’y mettre, peur de ne pas y arriver, peur de tomber, peur de se faire mal. Tous sont ainsi arrivés les pieds contre le mur. Une perte de confiance qu’il a fallu peu à peu dépasser. C’est pourquoi mon approche repose sur la progressivité et le plaisir. On y est allé en douceur afin que, pas à pas, chacun des participants retrouve, à son rythme, confiance dans son corps et ses capacités. »

Pratiquement, les cours ont démarré le 20 août avec une heure et demie d’explications et de discussions sur les objectifs du programme DeltaFit, sur l’importance de l’activité physique pour les personnes diabétiques, sur la gestion et la prévention des hypoglycémies et sur les éléments essentiels de l’alimentation. Par la suite, le groupe a été convié à participer à trois cours par semaine d’une heure répartis entre le lundi soir, le mercredi soir et le jeudi matin.

A mi-programme, un repas canadien a également été organisé pour renforcer le groupe et aborder très concrètement les problèmes de l’alimentation. « Cela a été l’occasion, à travers des exercices pratiques, de proposer une dégustation « pleine conscience », faisant appel aux cinq sens, et de répondre aux questions des participants », relève Mélanie Berrut, une des deux diététiciennes. Enfin, une session bilan, accompagnée d’un trivial pursuit abordant les problématiques du diabète et de l’alimentation, a clos les seize semaines d’activité physique. La diététicienne précise que le programme DeltaFit a également débouché sur des consultations en tête-à-tête avec certains membres du groupe.

Des progrès spectaculaires
« Les séances du lundi et du mercredi se sont déroulées sous forme de circuit training, précise Emilie Seleiro. Il s’agit d’accompagner les participants dans des exercices courts (1 minute à 1 minute 30) et simples qui visent le renforcement musculaire global, l’accélération du rythme cardiaque et l’équilibre. Tout au long des quatre mois, les progrès ont été spectaculaires : l’un des participants à l’équilibre précaire est ainsi passé du tapis mousse à la boule, réputée instable, tout en parvenant à lancer et rattraper un ballon jeté contre le mur. Lui qui n’osait plus se déplacer seul dans le noir peut aujourd’hui le faire avec une confiance retrouvée ! »

La séance du jeudi était consacrée à la marche non-stop pendant une heure, à l’extérieur, quel que soit le temps. « Au début, les membres du groupe ne dépassaient pas les 4 000 pas, environ 3 km, et ils étaient inquiets de trop s’éloigner de la Maison Santé, commente la coach sportive. Peu à peu, la distance s’est allongée jusqu’à dépasser les 6 000 pas (6 km et plus). Cette évolution progressive a eu lieu en tenant compte de deux facteurs : que l’essoufflement reste modéré et que chacun puisse continuer à discuter. Dans ce type d’exercice, il s’agit d’assurer la maîtrise de l’effort tout en demandant, aux uns et aux autres, de sortir de leur zone de confort ».

Dix-huit kilos perdus
Et les résultats sont époustouflants. Non seulement tous les participants ont tenu jusqu’au bout des quatre mois, mais tous ont reconnu que les cours avaient eu un effet très positif sur leur sommeil, leur souffle, leur glycémie et sur la maîtrise de leur corps dont ils ont redécouvert les potentialités. Jacques est même allé au-delà puisque, grâce à sa motivation et les conseils diététiques, il a perdu 18 kilos et a pu réduire sa consommation de médicaments pour le diabète et l’hypertension. Quant à Georges, un amoureux de la montagne qui ne montait plus à son chalet de peur de tomber, il a retrouvé tout son allant et n’hésite plus à prendre de l’altitude.

L’efficacité pour les patients du programme DeltaFit est donc manifeste. Qu’y a-t-il de plus encourageant pour Béatrice Kurmann et Emilie Seleiro et pour les participants présents et futurs ? D’ailleurs, les dix du groupe pionnier ont déjà démarré le 21 janvier une nouvelle session avec, jusqu’en juin, un rendez-vous par semaine, alors qu’un deuxième groupe s’apprêtait à se lancer dans le courant du mois de février. « Nous avons un peu affiné le programme, indique l’infirmière en diabétologie, avec un rythme allégé, soit deux cours par semaine en février et mars, un cours par semaine en avril et de nouveau deux cours en mai et en juin ».

Un défi : la durée
« L’important, insiste Emilie Seleiro, est que l’activité physique s’inscrive dans la durée. C’est pourquoi la notion de plaisir est si importante pour les participants qu’ils pratiquent dans le cadre du programme DeltaFit ou en solo, en marchant en ville ou à la campagne ou en nageant à la piscine (aquagym) ».

Le programme DeltaFit a été initié par le réseau Delta qui rassemble des médecins généralistes. A l’origine du projet, Sandrine Cikes, la coordinatrice pour Vaud, Valais, Fribourg et Jura du réseau Delta et le Dr Nicolas Kirchner, généraliste à Collombey à la Maison Santé Chablais. A Collombey, le réseau Delta a pris en charge l’organisation des cours et la rémunération de la coach sportive.

« L’expérience DeltaFit a été lancée afin de coller au mieux avec la réalité des personnes qui travaillent, en proposant notamment des cours du soir, ajoute Sandrine Cikes. D’ici l’automne, nous allons l’étendre au canton de Vaud avec des cours DeltaFit à Prilly, puis, plus tard, au district de la Veveyse (Châtel-St-Denis) et dans les environs de Fribourg ».

Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à contacter l’Association valaisanne du diabète (AVsD) au 027 / 322 99 72 ou par e-mail : info@avsd.ch.
Les cours DeltaFit sont payants (30 francs par mois pour les membres Delta, 40 francs pour les autres), mais les sommes sont remboursées si les participants sont assidus. Qu’on se le dise !

Jacques et Alfred sont devenus accrocs

Jacques, 62 ans, ne tarit pas d’éloges sur les cours DeltaFit. « Avant août dernier, je ne faisais pas du tout de sport. Mais j’ai tout de suite été partant. Peut-être parce que j’étais sérieusement en surpoids. J’ai participé quasiment à tous les cours, 3 fois par semaine. Depuis, je revis. J’ai non seulement perdu du poids (pas loin de 18 kilos avec un régime pauvre en sucre et en féculents), mais je me sens beaucoup mieux physiquement. Il est vrai que ma glycémie est passée de 12 à 6,5 !! Mon sommeil et mon souffle se sont aussi améliorés et je monte désormais volontiers les escaliers. Je n’y crois pas moi-même. Chaque jour, je fais maintenant environ 7 000 pas et j’ai repris avec beaucoup de plaisir les cours fin janvier (1 fois par semaine) avec le même groupe. Car, au-delà de l’activité physique, je m’y suis fait des amis… »

 

Même son de cloche du côté d’Alfred qui, s’il faisait déjà de la marche, a été tout à fait convaincu par les cours et le circuit training. « Je dors mieux et mes muscles sont moins raides que précédemment. Mon corps a changé, souligne-t-il. En revanche, je n’ai pas constaté d’influence décisive sur ma glycémie ; peut-être faut-il que j’attende encore un peu ». Alfred était plus que navré d’apprendre qu’il avait raté la reprise du cours, fin janvier, car non seulement il apprécie l’exercice physique, mais il adore aussi cheminer avec le groupe où il n’hésite pas à faire le « guignol », comme il se plaît à le dire.

Auteur: Pierre Meyer