Monique Michlig, 22 ans au service de l’AVsD

Après avoir travaillé pendant plus de 20 ans en milieu hospitalier comme infirmière en soins généraux en chirurgie ophtalmique et ORL, Monique Michlig obtient en 1997 un diplôme d’infirmière clinicienne en diabétologie. Avec sa nouvelle spécialité, elle a notamment exercé au sein de l’Association valaisanne du diabète (AVsD) à 20 %. Bilan de plus de deux décennies en faveur des personnes diabétiques.

Monique Michlig avec ses petits-enfants
Monique Michlig avec ses petits-enfants

« Avec l’AVsD, j’ai vécu et je vis encore une belle aventure, s’exclame Monique Michlig. J’ai eu la chance d’accompagner tous les développements au sein de l’association depuis qu’elle est installée dans ses locaux des Condémines, qu’ils concernent le conseil et la prise en charge des personnes diabétiques, l’éducation thérapeutique ou encore l’évolution des structures de l’AVsD elle-même ».

Monique Michlig est devenue infirmière sur le tard, à l’âge de 28 ans, après avoir accompagné les jeunes années de ses deux enfants. Et, si elle ne s’est pas tout de suite orientée vers le diabète, la maladie ne lui était pas étrangère puisque son frère, de dix ans son cadet, a été diagnostiqué diabétique de type 1 alors qu’il avait tout juste 3 ans.

Une carrière variée
L’expérience acquise par Monique Michlig est rare, et d’autant plus précieuse. En effet, elle s’est occupée de personnes diabétiques de tous âges, de jeunes notamment, soit lors de leurs séjours à l’hôpital, soit en milieu scolaire, mais aussi de mères ayant développé un diabète gestationnel.

Alors que sonnera début 2020 l’heure de la retraite, Monique Michlig tire les enseignements de sa longue pratique où les avancées, parfois fragiles, le disputent à l’immobilisme et aux blocages. Sur le plateau positif de la balance, elle aime à souligner le travail particulièrement enrichissant qu’elle a pu mener grâce et au sein de l’association.

« C’est important que l’infirmière puisse consacrer du temps à la personne visitée, l’échange et l’écoute étant aussi thérapeutiques que le soin proprement dit »

« J’apprécie tout particulièrement de pouvoir rendre visite à mes patients à domicile. C’est très important de les voir chez eux, car cette démarche est généralement pleine d’enseignements sur vleurs conditions de vie, et partant sur leur façon de gérer leur traitement ou de se nourrir, par exemple. Or, beaucoup de ces patients, généralement des personnes de plus de 50 ans souffrant d’un diabète de type 2, vivent seuls. Mon rôle sur place est ainsi tout autant de nature sanitaire (contrôle de la glycémie et de la médication, gestion de l’insuline et des capteurs ou conseils alimentaires) que psycho-social : c’est pourquoi c’est important que l’infirmière puisse consacrer du temps à la personne visitée, l’échange et l’écoute étant aussi thérapeutiques que le soin proprement dit ».

Le soin des pieds : une priorité
« Ce qui me frappe, poursuit Monique Michlig, c’est la place que prennent les soins des pieds. Cela représente environ 50 à 70 % des consultations touchant des personnes pouvant souffrir d’obésité, d’arthrose, d’une fracture ou, tout simplement, du grand âge. Je conseille souvent au patient d’utiliser un miroir pour qu’il examine ses pieds afin, ne serait-ce, que pour prendre conscience de l’importance de s’en occuper. Car, étonnement, cette partie du corps est souvent considérée comme très intime ; y toucher est presque tabou, comme j’ai pu le constater dans le milieu hospitalier où les malades comme le personnel expriment des réticences à les montrer ou à les manipuler ! Dès lors, j’y accorde beaucoup d’attention, en montrant à la personne comment les laver et les sécher, comment limer ses ongles ou comment crémer ses pieds. Je leur conseille d’éviter d’utiliser des pinces, trop agressives, trop tranchantes pour éviter les blessures. J’ai malheureusement trop vu de personnes diabétiques avec des pieds en mauvais état. »

« Lors de ces soins, je consacre également du temps à une remise à jour de leurs connaissances ainsi qu’au contrôle du carnet de glycémies afin de les sensibiliser à un meilleur contrôle de leur diabète ».

Obstacles à la formation
Pas besoin d’aller au-delà pour comprendre que la prise en charge thérapeutique ainsi que les soins des pieds aux personnes diabétiques sont cruciaux. Or, le nombre d’infirmières en diabétologie est en forte baisse en raison des difficultés pour ces dernières d’accéder à la formation, indispensable pour être reconnues par les assurances. Les exigences sont devenues tellement strictes qu’elles découragent les vocations puisqu’il faut démontrer que l’on a déjà deux ans de pratique, à 80 %, dans un service en diabétologie, sans compter le coût de la formation, trop élevé pour nombre de candidates et candidats.

« Le nombre d’infirmières en diabétologie est en forte baisse en raison des difficultés pour ces dernières d’accéder à la formation »

« C’est un vrai paradoxe, se désole Monique Michlig. Les besoins sont toujours plus importants, mais les associations, comme l’AVsD, ont beaucoup de difficultés à trouver des infirmières en diabétologie chargées d’assurer le suivi thérapeutique des patients vu l’augmentation de la prise en charge des soins de pieds. La situation est d’autant plus tendue que les soins prodigués par les podologues ne sont toujours pas remboursés par les assurances, et donc inaccessibles pour beaucoup ».

« Ceci dit, se félicite Monique Michlig, les soins des pieds sont devenus en quelques années un enjeu reconnu de santé publique en Valais. L’AVsD s’y est fortement engagée et elle a reçu un appui précieux de la part du canton via des aides et la création d’un fonds qui a permis à l’association d’être bien équipée dans ce domaine ».

Avec les enfants, c’est « formidable »
Monique Michlig s’est également beaucoup occupée d’enfants diabétiques, que ce soit à l’hôpital ou à l’école, avec lesquels elle a tissé des relations qu’elle qualifie de « formidables ». « Les amener vers l’autonomie, faire le lien pour eux entre l’hôpital, le pédiatre et l’école, c’est une activité très prenante, mais très satisfaisante, car les résultats sont rapidement perceptibles. C’est un autre monde, relève-t-elle. Ici, l’évolution des technologies domine. Les capteurs et les pompes à insuline sont au centre de toutes les discussions et il faut vraiment se tenir à jour. Les enfants plébiscitent les capteurs ; en revanche, ils sont plus nuancés à l’égard des pompes, certains préférant les stylos injecteurs ».

« Ce qui m’inquiète, c’est le nombre de nouveaux cas de diabète chez les enfants »

« Ce qui m’inquiète, toutefois, c’est le nombre de nouveaux cas de diabète chez les enfants. En règle générale, dans le service de pédiatrie, j’avais affaire à un ou deux enfants diabétiques par année. En 2019, il y en a déjà eu neuf durant les huit premiers mois de l’année ! Que se passe-t-il ? ».

Situation satisfaisante dans les EMS
Autre monde encore, puisqu’elle s’est aussi occupée, comme infirmière, pendant 20 ans (jusqu’en 2017) des résidents d’un EMS valaisan. « En ce qui concerne les personnes diabétiques, globalement cela se passe bien, se réjouit Monique Michlig. La majorité d’entre elles sont des diabètes de type 2. A cet âge, les hypoglycémies sont rares. Notre travail est essentiellement préventif que ce soit auprès des patients auxquels il convient de rappeler quelques règles de base qu’auprès des différents services de l’EMS. Il s’agit ainsi de rappeler, par exemple, certaines contraintes alimentaires à la cuisine ou à la cafeteria ».

« Le patient est mieux pris en charge »
On l’aura compris, l’expérience de Monique Michlig est riche. De toutes ces années, elle tire un bilan globalement positif : « la prise en charge des personnes diabétiques s’est améliorée en Valais grâce, notamment, à l’action de l’Association valaisanne du diabète. Cette dernière n’a, en effet, eu de cesse de sillonner le canton pour se faire connaître, pour tisser des liens avec les praticiens (diabétologues et généralistes) et la population et pour exister face à l’hôpital. Tous ces combats ne sont pas encore gagnés, mais l’AVsD est désormais bien installée dans le paysage du diabète dans le Valais romand. Cette proximité est un plus indéniable pour les malades. Reste à établir des relations étroites avec les hôpitaux, ce qui est loin d’être gagné, hormis avec les services de pédiatrie avec lesquels les relations de complémentarité sont excellentes ».

Dès l’hiver prochain, Monique Michlig prendra sa retraite. Elle sera plus disponible pour ses petits-enfants, car avec un fils et une fille très occupés, la présence d’une grand-mère libre de ses mouvements est forcément précieuse.

Auteur: Pierre Meyer