Comment Marc, le sédentaire,est devenu un grand marcheur

Une fois n’est pas coutume, le témoignage de Marc* (46 ans) est anonyme. Diabétique depuis presque 18 mois, Marc souhaite mettre toutes les chances de son côté afin que sa maladie ne puisse lui être nuisible sur le plan professionnel, d’autant plus qu’il a été en recherche d’emploi. Aujourd’hui, il a un travail, mais son statut est précaire. Raison de plus d’être prudent.

« Mon diabète va mieux. Je ne prends plus de médicaments depuis août dernier », me dit tout de go Marc, avant même que l’entretien ne démarre. Son soulagement est palpable, même s’il est tout à fait conscient que son diabète n’a pas disparu pour autant, mais qu’il est sous contrôle, pour l’instant.

Le diagnostic tombe en août 2017 lors d’un banal check-up. « J’allais avoir 45 ans, précise Marc, et je me suis dit qu’il était temps que je fasse le point sur mon état de santé, car je n’avais pas de médecin traitant. Depuis quelque temps, j’avais certes soif, sans que cela m’inquiète pour autant. D’où ma surprise, lorsque le médecin m’a appris que j’étais diabétique, alors que je pensais avoir du cholesterol ! Je n’ai pas eu vraiment peur, car je ne connaissais alors rien à cette maladie qui n’avait touché qu’un oncle, mais sans que j’en ai eu vraiment conscience ».

Le soutien exemplaire de diabètefribourg
Depuis, Marc est devenu incollable. Non seulement parce qu’il est très à l’aise avec l’internet, bien qu’il se méfie de ce que l’on y trouve, mais surtout parce que son médecin l’a immédiatement dirigé vers l’association diabètefribourg. « La prise en charge proposée par l’association a été exemplaire, souligne Marc qui ne tarit pas d’éloges sur l’accompagnement et le soutien dont il a été l’objet. Très rapidement, j’ai vu une infirmière en diabétologie avec laquelle j’ai eu six séances. En parallèle, j’ai aussi vu une diététicienne (six séances également). J’ai aussi assisté à des cours de groupe, avec des exposés de médecins diabétologues ».

« La prise en charge proposée par diabètefribourg a été exemplaire, souligne Marc qui ne tarit pas d’éloges sur l’accompagnement et le soutien dont il a été l’objet »

Cette prise en charge rapide et intensive – « remboursée par les assurances », tient-il à préciser –, a eu un impact extrêmement positif pour Marc qui a décidé, avec conviction, de se prendre en main : « au moment du diagnostic, j’étais au chômage et cela depuis des mois. Non seulement cela pèse sur le moral, mais j’avoue que j’étais totalement sédentaire, même si mon alimentation était globalement équilibrée, bien que manifestement trop abondante. Conséquence : j’étais en très net surpoids ».

Qu’à cela ne tienne ! Le sédentaire devient marcheur. Et pas un randonneur du dimanche : « jusqu’à juin dernier, où j’ai retrouvé du travail, je faisais des balades quotidiennes de 8 à 10 km, notamment en forêt. Aujourd’hui encore, je ne fais pas loin de 10’000 pas par jour, en bonne partie en lien avec mon activité professionnelle. Parallèlement, j’ai réduit la taille de mes repas, mais sans rien changer à mes habitudes (j’adore la viande rouge et la chasse), excepté pour les desserts dont j’ai fortement réduit la quantité ».

30 kilos perdus
Les bienfaits de cette nouvelle vie, plus saine, n’ont pas tardé à se manifester. « J’ai perdu 30 kilos en à peine treize mois, se félicite-il. Tout cela en faisant de la marche et en contrôlant, sans sacrifice majeur, ma nutrition. Mais il y a plus, ajoute-il : en pratiquant régulièrement la marche, j’ai réussi à équilibrer peu à peu ma glycémie. Aujourd’hui, je suis stable à 4,8 %, ce qui a conduit mon médecin à arrêter le traitement à la metformine que j’ai pris deux fois par jour, puis une fois à partir d’avril 2018. Au départ, lors du diagnostic, j’étais à 10,2 %, puis le pourcentage est tombé peu à peu jusqu’à mon état actuel. Le soutien apporté par diabètefribourg a également été d’une grande aide ; en rencontrant, notamment, d’autres personnes diabétiques, j’ai aussi pu prendre la mesure de la contrainte que représentait un diabète à un stade avancé, et c’est là que j’ai compris que j’étais plutôt chanceux avec ma maladie ».

Les employeurs ne font pas de cadeau
Reste un problème lancinant : les employeurs ne tolèrent plus la moindre faiblesse chez leurs employés, surtout s’ils ont temporaires. C’est en tout cas la conviction de Marc qui a ainsi préféré garder l’anonymat pour éviter toute interférence entre son diabète, bien qu’il le maîtrise, et le monde du travail.

« Jusqu’à juin dernier, où j’ai retrouvé du travail, je faisais des balades quotidiennes de 8 à 10 km, notamment en forêt »

« A l’époque où j’ai accepté d’évoquer mon expérience au d-journal, j’étais encore en recherche d’emploi et il me paraissait clair que mes employeurs potentiels ne devaient pas avoir connaissance de mon diabète. Il s’agit tout d’abord de ma vie privée et je suis, de plus, discret de nature ; mais il est tout aussi évident qu’un employeur qui a le choix entre deux candidats dont l’un doit se rendre régulièrement chez le médecin et un autre qui n’a pas cette obligation, sélectionnera à coup sûr le second. »

« J’ai aujourd’hui un emploi dans une grande entreprise à Villeneuve. Mais je suis engagé comme temporaire, comme une majorité de mes collègues. Mon statut est donc précaire et, vu les restructurations permanentes qui menacent les emplois dans l’industrie, les licenciements frappent en priorité les plus fragiles. Cela dit, mon chef de service et certains de mes collègues sont au courant, mais je ne vais pas le crier sur les toits, d’autant que mon diabète n’a aucune influence sur ma capacité de travail, et évidemment sur mes compétences. De plus, contrairement à d’autres malades, je ne crains pas les hypoglycémies ».

 

L’amour des ours bruns
Pour l’heure, Marc est satisfait de son emploi, même s’il le contraint à faire quotidiennement le trajet entre son domicile, à quelques kilomètres de Fribourg, et son travail à Villeneuve. « C’est parfaitement gérable. Mais mon plus grand désir serait de pouvoir travailler dans mon domaine de formation, l’électronique ».

Professionnellement, Marc aspire donc à un emploi stable, ni plus, ni moins, ce qui paraît bien légitime. Célibataire, sans enfants, il cultive quelques hobbies, comme la marche en forêt ou en montagne – une découverte récente comme on l’a vu –, les mots croisés, les nouvelles technologies ou encore la nature et ses merveilles. Il s’est ainsi rendu en Alaska, il y a quelques années, pour admirer les ours bruns, pour lesquels Marc a une sympathie particulière, mais aussi les animaux marins (baleines, marsouins) qu’il a eu l’occasion de découvrir, au cours de ce même séjour, lors d’une croisière sur les mers froides du grand Nord.

*Marc est un prénom fictif

Auteur: Pierre Meyer