Christine Leimgruber portrait

Une nouvelle directrice à l’ASD

Après seize ans passés à la tête de l’Association suisse du diabète (ASD), Doris Fischer-Taeschler va passer, le 1er janvier prochain, le témoin à Christine Leimgruber. Qui est-elle ?

Pour la nouvelle directrice de l’ASD, Christine Leimgruber, la direction de l’association faîtière sonne comme un retour aux sources, puisque cette native de Baden aura le plaisir de retrouver… sa ville natale, où elle a vu le jour il y a 54 ans. Un retour après bien des détours : sa carrière professionnelle l’a en effet conduite à séjourner dans plusieurs villes suisses, mais aussi à l’étranger, soit à New York où elle a passé de nombreuses années.
C’est donc forte d’une expérience nationale et internationale que Christine Leimgruber se retrouve aujourd’hui à reprendre les rênes de l’Association suisse du diabète, l’organe qui, en plus d’autres tâches stratégiques, fédère les vingt associations régionales et cantonales (dont huit en Suisse romande) et édite le journal que vous avez dans les mains.

« Je me réjouis de relever un tel défi, affirme Christine Leimgruber lors de l’interview. Le diabète, cela concerne près de 500.000 personnes en Suisse, qu’elles soient ou non diagnostiquées. De plus, cette maladie chronique est en expansion constante, à tel point qu’elle figure en tête de liste des priorités établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ».

Or, en dépit de son ampleur et de son impact tant sur les malades que sur les systèmes de santé, le diabète demeure une affection sournoise que l’opinion, comme les pouvoirs publics, préfèrent trop souvent ignorer. Une situation insatisfaisante que Christine Leimgruber entend bien bousculer en utilisant le bras de levier de la communication.

Christine Yankee Game 2016
Christine Leimgruber au Yankee game à New York City en septembre 2016

Une spécialiste du secteur non lucratif
Un domaine dans lequel la nouvelle directrice de l’ASD a forgé ses compétences tout au long de sa carrière professionnelle, essentiellement consacrée à des associations et à des ONG (organisation non gouvernementale) à but non lucratif. Ainsi, après un bref passage au service marketing du Crédit Suisse, Christine Leimgruber est propulsée, à l’âge de 26 ans, à la direction suisse de l’American Field Service (AFS, connue actuellement comme AFS Programmes Interculturels), une association internationale (aujourd’hui centenaire) qui se charge d’organiser, depuis des décennies, des séjours d’un an partout dans le monde pour des jeunes, âgés de 16 à 18 ans, qui sont hébergés dans des familles d’accueil.

« Je me réjouis de relever un tel défi. Le diabète concerne près de 500.000 personnes en Suisse »

Christine restera très fidèle à l’AFS, à laquelle elle avait eu recours pour passer un an aux Etats-Unis lors de ses études secondaires. Un attachement qui la conduira par la suite à représenter l’association au niveau européen, puis à rejoindre le siège mondial d’AFS à New York comme directrice de programmes et de gestion des risques. Un poste qu’elle va occuper jusqu’à l’automne 2016, avant de revenir en Suisse pour des raisons familiales.

Communication et recherche de fonds
Sa carrière lui donnera aussi l’occasion de multiplier les expériences professionnelles auprès d’ONG et d’associations comme Greenpeace Suisse, Helvetas (une organisation suisse d’aide au développement), SOS Villages d’enfants (une organisation humanitaire internationale) ou encore Pro Audito Suisse (une association représentant les malentendants). Autant d’occasions d’accumuler de précieuses connaissances dans les domaines des campagnes de communication et de recherche de fonds.

C’est donc particulièrement bien armée que Christine Leimgruber rejoint aujourd’hui l’Association suisse du diabète. « A l’orée de ma prise de fonction, je considère que le plus grand défi actuel pour l’ASD et les associations est de stopper l’érosion de leurs membres. Une érosion qui entame non seulement la force de frappe de l’association faîtière, mais qui affecte aussi très directement la vie des associations cantonales et régionales entravées dans leurs activités, en raison notamment des pertes financières que cela induit, avec la baisse des cotisations et des ventes ».

Faire connaître largement la maladie
« L’enjeu est crucial, poursuit-elle. Il s’agit en priorité de mieux faire connaître la maladie et nos prestations tant auprès des personnes diabétiques (avec un accent particulier sur les jeunes), du pouvoir politique que des acteurs de la santé. Le contexte est en train de changer rapidement avec l’émergence des nouvelles technologies utilisées aussi bien pour le traitement de la maladie que pour la communication. L’internet, Facebook, twitter sont désormais des canaux essentiels, presque exclusifs même auprès de la population jeune qui ne se reconnaît plus dans les associations traditionnelles. Ils sont également devenus des instruments très performants pour l’échange rapide d’informations, mais aussi des leviers puissants de solidarité.

Pour l’heure, un de mes objectifs est, par exemple, que toute personne qui vient d’être diagnostiquée puisse très rapidement être dirigée vers l’ASD ou une association régionale comme premier interlocuteur, notamment après avoir consulté internet » .

Idées innovantes
Le processus de sensibilisation que Christine Leimgruber souhaite lancer fera appel à l’imagination et à la force de propositions de tous ceux, au sein de l’ASD et des associations régionales et cantonales, qui voudront bien y participer. Car, la nouvelle directrice en est convaincue, c’est très souvent de la base que surgissent les idées les plus innovantes. Elle en veut pour preuve les actions menées à Pro Audito (une structure très semblable à l’ASD) ou à Helvetas.

« Le plus grand défi actuel pour l’ASD et les associations est de stopper l’érosion de leurs membres »

« Nos plus belles campagnes ont été initiées suite à des rencontres informelles avec les membres. C’est ainsi que Pro Audito a imaginé de baliser certains sentiers pédestres avec des panneaux interpellant les marcheurs avec les questions suivantes : Entendez-vous le chant des oiseaux… ou le bruit de la rivière, etc. Une façon, toute en subtilité, de faire prendre conscience d’un début de surdité. Les panneaux portaient le logo de l’association, son numéro de téléphone et la mention du site internet .

Leimgruber Apulien 2017
Christine Leimbruger à Apulien

Une initiative originale qui correspond bien à “ mon style de travail ”», relève-t-elle. Comme celle menée par Helvetas pour récolter des fonds pour l’accès à l’eau : « Dans ce cas, nous avons choisi d’emballer dix fontaines, comme un paquet, dans dix villes suisses qui ont accepté de jouer le jeu. Lors du déballage, annoncé à grands renforts d’affiches, le public était là, intéressé, amusé et sensibilisé au fait que l’eau est un cadeau auquel, en raison de son abondance sous nos latitudes, on ne pense plus ».

« Toute personne fraîchement diagnostiquée devrait pouvoir être dirigée rapidement vers l’ASD ou une association »

La recherche de dons sera un autre axe de travail de la nouvelle directrice qui n’a pas froid aux yeux, suite à son expérience à SOS Villages d’enfants où le but, atteint, était de récolter pas moins de 25 millions de francs de dons par année !

Des réponses spécifiques
Une chose est sûre : Christine Leimgruber est prête à se retrousser les manches en faveur des nombreuses personnes diabétiques de ce pays. Très consciente des spécificités de la maladie, au carrefour d’enjeux sociaux (le diabète frappe davantage les petits revenus), sociétaux (alimentation et mobilité) et sanitaire (multiplicité des intervenants), la nouvelle directrice sait parfaitement que le diabète appelle des réponses particulières.

Elles devront ainsi prendre en considération le fait que la maladie frappe aussi bien les jeunes (diabète de type 1), qui constitue un public en soi, que les personnes plus âgées (diabète de type 2) dont la prise en charge est de plus en plus longue et complexe en raison du vieillissement de la population.

Christine Leimgruber a hâte de relever, en relation étroite avec les associations et leurs membres, le défi multiforme qui l’attend. « L’urgence n’attend pas », se plaît-elle à souligner.

Bio-express
1963 : naissance à Baden
1986-1990 : stages et diverses activités au Credit Suisse,
1991-2000 : directrice AFS Programmes Interculturels Suisse
2001-2002 : Greenpeace Suisse, directrice marketing et membre de la direction
2002-2003 : Helvetas Suisse, responsable du bureau suisse et membre de la direction
2004-2009 : directrice de la Fondation SOS Villages d’enfants/Suisse
2009-2010 : directrice Business Women Suisse
2010-2011 : Fondation pour le développement écologique
2011-2013 : directrice Pro Audito Suisse
2012 : obtention d’un master en management de la communication
2013-2017 : AFS Programmes Interculturels, chef des programmes et de gestion des risques, New York
Octobre 2017 : Christine Leimgruber rejoint l’Association suisse du diabète (ASD)

P.M.

Auteur: Pierre Meyer